[BG] Les voyages de Mordock

Biographie rapide
Né en Cimmérie dans le petit clan des Merill. Mordock devient très tôt le chef de la garde du clan.
Le clan Merill est un jour attaqué et envahi par les Vanir. Les quelques survivants se réfugient chez tous les autres clans Cimmériens. Mordock se retrouve chez les Moragh.
Durant l'attaque des Vanir, Mordock est griffé par une créature inconnue. Depuis, une maladie le ronge. Plus il fait d'effort physique, plus il souffre et une marque noire s'étend en fonction de l’intensité de l’effort.
Plutôt que de rester inutile, Mordock quitte les Moragh pour trouver un remède à son mal.

De voyages en voyages, Mordock navigue de devins en sorciers et de désillusions en désillusions. Personne ne sait ce qu'il a. Il pille, vol et tue pour survivre tout en cherchant une solution et essayant divers remèdes. La seule certitude qu’il obtient est que sa maladie n’est pas contagieuse et la marque régresse et s’agrandi en fonction de l’effort ou de l’humeur.

Lors d’un de ses voyages, à bord d’un bateau marchand, Mordock rencontre un mystérieux Aquilonien qui, impressionné par ses qualités combatives, lui propose un travail. Le bateau est malheureusement attaqué par des pirates. Mordock aide les marins et repoussent les pirates aux côtés de Rému Omulus, l’Aquilonien.
Après le naufrage du bateau, les deux hommes sont séparés.

Des jours plus tard, Mordock retrouve l'Aquilonien à Tarantia. Ce dernier lui propose une mission : tuer un noble opposant au roi Conan. Mordock accepte et effectue la mission.
En donnant à l'Aquilonien la tête du Noble, Mordock se voit offrir par celui-ci une étrange récompense : un remède à son mal plutôt qu'une bourse d’argent. Seulement, la potion n'est que temporaire. Rému Omulus propose donc au Cimmérien l'arrangement suivant : continuer à effectuer des missions pour lui en échange de la famuse mixture. Mordock accepte…

Le noble Aquilonien, partie 1

A l’Ouest de Zingara naviguait le Triomphe. Anciennement un navire de guerre, c’était maintenant la propriété du capitaine O’Gomka. Le bougre avait réussi à le voler à une bande de corsaires lorsque ceux-ci s’adonnaient à un abordage. Muni uniquement d’un bateau de pêche et d’une rame, il pu monter à bord et mettre les voiles en soudoyant les marins ivres restés à bord. Les pirates ne s’apercevant de rien, ils ne purent qu’admirer leur bateau prendre la fuite.
Maintenant, O’Gomka balayait de son regard l’ensemble de ses matelots au travail. La satisfaction se lisait sous sa moustache tombante. Il avait entreprit une affaire de transport de marchandises très juteuse. La grande cale du Triomphe permettait de transporter énormément de vivres, de matériel et de marchandises.

Parfois, le transporteur acceptait des passagers, s’ils payaient cher ou donnaient de leur énergie. L’un d’entre eux venait d’être attaché au mat. Sa mutinerie avait coûté deux tonneaux de boisson et trois de pommes. La sanction était claire : il serait le prochain repas des porcs. Le mutin se tenait maintenant à genou, affamé et épuisé par le soleil ravageur. Personne ne lui adressait la parole par crainte des représailles. Il faut dire que tenir compagnie à l’homme qui a privé l’équipage des seules douceurs disponibles était suicidaire. C’est pourtant ce que fit l’homme qui avança vers lui en plein milieu de l’après-midi. La mer était calme et l’équipage se reposait avant la tempête qui allait arriver la nuit prochaine. L’homme s’approcha donc avec une coupelle d’eau douce. Il s’accroupit à la hauteur du mutin et lui porta la coupelle à la bouche, le forçant à boire. Le mutin, une fois la gorgé avalée, leva les yeux vers son sauveur, le regard emplie de gratitude. Il eu du mal à ouvrir la bouche.
«
- M… Me… Merci.
- Comment t’appelles-tu ?
- I..Ibak Nimbus.
- Ibak… Tu es condamné. O’Gomka vient de m’ordonner de te couper les membres et de te transpercer le cœur une fois la nuit tombée. Avant de m’adonner à cette tâche… Dis-moi pourquoi cette révolte ?
- En quoi ça changerait les choses…
- Dis-moi simplement.
- Je suis allé défier le capitaine parce qu’il fouettait ce vieil homme.
- Celui qu’il a décapité hier ?
- Oui. Cet homme a payé son voyage et O’Gomka le traite comme toi et moi qui voyageons grâce à la force de nos bras. L’ancêtre n’a pas bronché, pensant que cela lui ferait un peu d’exercice. Mais ce sadique le fouettait et le faisait travaillait plus que nous deux réuni. Mitra ne me reconnaîtrait plus si je le laissais faire…
- Je comprends… Ton courage me plait. »

Le bourreau prit sa machette et trancha net la corde. La force du coup alerta les marins qui crièrent en direction de la barre. En haut de l’estrade, O’Gomka évaluait la situation. Il ne fit qu’un signe insignifiant et trois marins se jetèrent sur le libérateur. L’homme était de grande taille. Il portait seulement un pantalon grisâtre abîmé par la vie en mer. Son torse rougeâtre laissait apparaître ce qui ressemblait à une gigantesque griffure d’ours. On ne pouvait lire son visage que par ses yeux gris déterminé. En effet, malgré la chaleur, l’homme arborait une longue chevelure brune et une barbe broussailleuse dont les extrémités étaient ordonnées en tresses. Son bras gauche était terni par une marque noirâtre qui lui recouvrait presque entièrement la main et le torse. Le mutin crut un instant que la marque noire venait d’apparaître avant de se résoudre à penser que le soleil tapait trop fort. Le sauveur barbu eut un réflexe fulgurant qui impressionna l’assemblée. Il se baissa pour éviter le premier coup et trancha les jambes de son assaillant au niveau de la cheville. Le deuxième marin voulut abattre sa lame pendant ce temps mais le mutin, maintenant libre, avait déjà prit la dague d’un spectateur pour l’enfoncer dans l’œil qui le menaçait. Dans une fureur sans nom, le marin borgne bouscula le sauveur en se masquant le visage de ses mains et couru vers le mutin. Il lui subtilisa la dague et l’enfonça dans le cœur d’Ibak Nimbus. Celui-ci tomba à terre, se retrouva nez à nez avec son libérateur qui se relevait à peine. L’homme barbu comprit que c’en était finit de Ibak Nimbus. Il ira rejoindre son Mitra. Juste avant son dernier souffle, Ibak chuchota quelque chose à l’oreille de son sauveur.

C’est cet instant que choisit le borgne furieux pour prendre le mutin, déjà mort, par le col et le traîner à bâbord. Sans procès, le marin jeta le cadavre par dessus bord. Il fit ensuite volte-face pour terminer le travail. Pendant ce temps, le barbu s’était relevé et restait sur la défensive, en position de combat. Il brandit ses poings, prêt à en découdre. En face, le borgne et le troisième marin désigné se regardèrent et attaquèrent la seconde qui suivi. Pas décontenancé pour un sou, le grand brun jeta ses poings sur la figure du premier venu. Il sentit une lame mordre son flanc. Pas bien grave. Son second poing fit autant d’effet sur la mâchoire du second qui n’eu pas le temps de porter son coup. Les deux marins tombèrent sur le parquet. Le sang du barbu coula sur leur visage. Celui-ci prit les matelots par les cheveux et les toisa. Entendant encore un souffle, il décida qu’il valait mieux prendre ses précautions. Il prit la tête de l’un pour taper sur l’autre jusqu’à ce que les crânes se vident de leurs contenus.

Au moment de lâcher les deux corps mutilé, le grand barbu entendit derrière lui une demi douzaine d’hommes prêts à l’empaler. Cette fois c’en était fini. Crom aura au moins applaudi sa vaillance même s’il rira de sa défaite. Il prit un cimeterre sur sol et invita la nouvelle compagnie à venir l’achever dans un dernier combat féroce. Du haut de son estrade, O’Gomka riait. Il admirait le divertissement que lui procuraient ces combats.

Les marins chargèrent enfin, encouragés par les rires sadiques. Soudain, en pleine course, la moitié s’arrêtèrent. Les trois autres se jetèrent sur le combattant barbu. Le guerrier ne se posa pas trop de question et se débarrassa du premier et lui coupant la carotide de l’extrémité de lame. Il fit un croche-patte au second et lui trancha la tête. Quant au troisième… Il était déjà embroché mais pas par sa lame. Le guerrier barbu se retourna et comprit pourquoi seule la moitié avait voulu se jeter dans la bataille. Au bout de la lame qui avait embroché le troisième assaillant, se tenait un immense gaillard qui devait faire pas loin des deux mètre. L’homme avait les cheveux blonds, coiffés court qui lui donnaient un air de noble. Cette impression fut confirmée par son accoutrement. Il portait une toge bleue royale sur lequel un plastron doré posé. Une cape rouge flottait comme pour acquiescer de l’importance du bonhomme. Son interposition avait figé la scène. O’Gomka, furieux, descendit jusqu’à l’arène improvisée.
«
- Sir Omulus ! Qu’est-ce qui vous prend ?!
- Il me prend que je veux cet homme. Tu allais le tuer non ? Je t’en offre un bon prix.
Omulus lança une bourse sonnante à O’Gomka qui s’empressa de compter son contenu. Finalement, il dévisagea Omulus avec un large sourire.
- Oh mais oui… C’est une belle somme ! Que j’accepte… Comme paiement à ta désinvolture ! Je garde le gaillard. On m’en offrira dix fois plus à quai !
- Il faudra bien plus que six hommes pour nous contraindre.
- C’est vrai. Mais je suis maître de ce navire et des vivres qu’il contient.
O’Gomka se retourna et leva les bras, élevant la voix :
- Ecoutez tout le monde ! J’offre un pichet de gniole à quiconque réussira à m’embarquer ces deux là dans la cale ! Vivants ! »
Il n’eut pas fini sa phrase que les matelots s’étaient emparés de filets et de lances. Un d’eux eut la bonne idée de les enfumer. La vision des deux hommes piégés se brouilla. Plusieurs coups retentirent. Puis ce fut le noir total.

Le noble Aquilonien, partie 2

Le barbu était déjà réveillé quand Omulus retrouva ses esprits. Ils étaient enchaînés dans une petite pièce sombre, trop basse pour rester debout. La houle du navire indiquait que la tempête venait de se terminer. Le noble Aquilonien frotta ses yeux avec ses doigts. Il observa un moment l’homme rustre assis en face de lui. Il aperçu son regard déterminé malgré sa condition. Il vit la griffure sur son torse, témoin d’une bataille avec une créature féroce. Enfin il remarqua la marque noire autour de la griffure. Elle lui semblait beaucoup moins grande que cet après-midi. Son bras n’était même pas atteint. Son regard inquisiteur remonta vers le visage grave du combattant. Sa barbe et ses cheveux descendaient bien bas et leur extrémités, bien que tressés, n’étaient pas taillés. Cet homme là était en mer depuis bien longtemps. Omulus prit finalement la parole :
«
- Tu es Cimmérien n’est-ce pas ?
- Oui.
- Quel est ton nom ?
Le Cimmérien hésita.
- Mordock. Du clan des Merill.
L’Aquilonien eut un sourire.
- Mes excuses. Ma connaissance des clans barbares est limitée… Je suis Rému Omulus… Je suis…
- Aquilonien. Tu portes le vêtement à la mode chez les nobles de Tarantia.
- Tu es allé à Tarantia récemment ? On aurait plutôt dit que ça fait un moment que tu es en mer.
- Je voyage beaucoup. Dis-moi Rému, pourquoi voulais-tu m’acheter ?
- Je ne voulais pas t’acheter, mon ami mais éviter ta mort.
- Pourquoi ?
- J’ai vu ta force et plus encore ta stratégie au combat. Et tu sembles à court d’argent. Aussi, j’aurais un travail pour toi.
- Il semble que notre vie va plutôt se finir à bord d’une galère.
- Ca m’étonnerait.
L’Aquilonien eut un sourire ravageur.
- Ah ? Expliques-moi.
- Je ne suis pas un noble. Je fais parti d’une certaine organisation qui œuvre pour le trône d’Aquilonie. Ma mission ici était d’intercepter un pirate.
- Il n’y a pas de pirate ici. Seulement des mercenaires à la solde d’un marchand arrogant.
- Pas encore… Un navire va attaquer ce bateau cette nuit. Parmi les pirates figure Ja’Huka, un traître au royaume d’Aquilonie. Je dois rapporter sa tête. Il est fort à parier que lors de l’attaque on nous libérera pour aider à repousser les pirates. Eux ne font jamais de prisonnier.
- Pourquoi être venu sur ce vaisseau plutôt que de te faire engager par le pirate ? Et comment connais-tu sa cible ?
- C’est simplement parce qu’il est plus facile de l’atteindre par surprise. Si je m’étais engagé à son service, il se serait méfié d’un nouveau venu comme moi. Quant à la cible, c’est facile : il s’agit du seul navire marchand qui vogue dans son secteur en ce moment. O’Gomka le sait mais il est persuadé de pouvoir faire face. Patience Mordock… Ce soir nous serons libre… Ou morts. »

La nuit tombée, les dires de Rému se révélèrent exact. Un des marins ouvrit la cale en état de stupeur intense. Il les libéra et les informa de la situation. Ce qui était inutile puisqu’on entendait déjà depuis un quart d’heure les rumeurs et les cris de la bataille qui faisait rage sur le pont. Rému et Mordock suivirent le Matelot jusqu’à une salle d’arme où ils s’équipèrent. Rému prit deux sabres, un casque et récupéra son plastron. Mordock préféra une grande épée bâtarde, des bottes à crampon et une côte en anneaux. Ainsi armés, ils montèrent jusqu’au pont pour observer la situation.

C’était une débandade. Les pirates avaient clairement le dessus. Sur le sol, parmi les nombreux cadavres se trouvait celui d’O’Gomka, transpercé de multiples flèches et le crâne fendu en deux. Rému eu un instant d’hésitation. Puis il vit le Cimmérien charger en criant. L’Aquilonien le suivi. Se battant dos à dos, les deux hommes de protégèrent mutuellement. Le combat semblait désespéré mais Mordock ne laissait rien transparaître. Peu à peu, les deux prisonniers se retrouvèrent du même côté que les marins à essayer de repousser la vague de pirates qui affluait. Mordock entendit les cris des matelots :
«
- On est foutu !
- Tous à la mer !
- Fuyons !
- Où ?! Bande de couards ! Par Crom !
Mordock venait de percer l’air avec sa voix puissante. Rému écarquilla les yeux devant la puissance de son cri. L’espace d’un instant, même les pirates s’arrêtèrent de combattre pour trouver l’origine de cette fureur. Les marins survivants tournèrent un à un la tête et tous se souvenaient de l’ardent combattant qui avait lutté la veille pour sauver un mutin. Mordock, fou de rage, continua :
«
- Il n’y a nulle part où fuir ! Brandissez votre épée et luttez pour votre survit !
- Mais… Même le capitaine est mort des assauts de ces fourbes…
Mordock fusilla du regard le marin qui protestait.
- O’Gomka était lâche et faible ! Moi je vous ai vu travailler dans la sueur et le sel ! Avec peu dans vos bols et vos pintes ! Vous pouvez survivre ! Je vous guiderais !
- Mais…
- Là d’où je viens, Crom donne la force à ceux qui le mérite ! Montrez-lui que vous pouvez arracher la vie de vos mains et il vous donnera la force et le courage de la faire !
- C’est vrai ! »
Un matelot de l’autre côté de la ligne de défense venait d’acquiescer. Sans aucun doute, Cimmérien lui aussi, il avait été touché par les paroles de Mordock. Peu à peu les rumeurs et les discutions fusaient dans l’assemblée des marins. Pendant ce temps, les pirates avançaient.
Mordock n’attendit pas. Il cria et chargea les pirates, épaulé par Rému et quelques marins convaincus. Les pirates étaient pris de court. Ils reculèrent enfin. Ce retournement de situation convainquit les derniers matelots à entrer dans la mêlée.

Soudain, Rému s’arrêta net. Il aperçut Ja’Huka sur l’estrade munit d’une torche et d’une masse. Il entreprit de lancer son sabre avec toutes les forces dont il était capable dans la direction du pirate. Ja’Huka, grâce à sa torche, illuminait à lui seul tout le pont et faisait ainsi une cible parfaite. Le sabre atterri au milieu de sa gorge. Ja’Huka lâcha la torche et sa masse puis son corps tomba, inerte. Ce lancé spectaculaire fut accompagné des acclamations des marins qui, guidés par Mordock, exécutaient les derniers pirates qui n’avaient pas encore pris la fuite.

Il fallut quelques minutes à l’assemblée pour s’apercevoir que le bateau était en feu. Sans réfléchir, Mordock plongea et nagea aussi loin qu’il pouvait. Flottant dans l’eau, il se retourna pour admirer le bateau couler dans les profondeurs. Il vit les pirates rescapés tirer avec leurs flèches sur les marins qui s’échappaient. Rému devait figurer parmi eux. Comme il ne voulait pas risquer de le savoir, Mordock continua sa nage aussi loin qu’il lui était possible, jusqu’à couler de fatigue.

Une brise souffla et le soleil tapait fort sur son visage. Mordock ouvrit les yeux, incrédule d’être en vie. Allongé sur la plage, il repensa à cette nuit et se demanda s’il était loin de Khemi, sa destination initiale. Il se leva enfin pour admirer le paysage et évaluer sa situation. Personne à l’horizon. Du sable et des rochers à perte de vue. De la fumée et des bâtiments au loin. Il s’extasia.
« - Crom ! Quelle chance ! »