[BG] Naïa

« Je génère la lumière mais l’obscurité est ma nature. »





« Ah, mon garçon, jt’en parlerai volontiers, mais ma mémoire me fait défaut, il m’ faudrait quelque chose pour me remettre un peu d’aplomb, un pichet suffira » Cria l’homme au jeune homme qui courrait au comptoir.
Ce vieil homme, cheveux blanc en bataille, et au regard dur qui venait de prononcer ses mots était bien connu de cette taverne. On disait de lui qu’il était un ancien commandant d’une grande armée.

Arantias enfin abreuvé, commença à raconter.

« -T’sais gamin, cette femme la, c’est du sang chaud, elle vient du grand Sud, d’où, on ne sait pas vraiment, mais a en croire mes yeux, moi je dirais de la Stygie : la contrée des Sorciers. Et on dit qu’un des plus grands sorciers voulu posséder une créature gardienne, t’sais… comme les sortes de nymphes des bois, qui protègent les bois. Sauf que là bas, y a pas de bois. Enfin, ca tu ne peux le savoir, tu n’as jamais du quitter les limites de ta région ! Bref; un jour il réussit à en capturer une, la plus belle de toute, mais bien entendu, tu sais que ces créatures ne se laissent pas facilement avoir. Mais ces sorciers sont fourbes et il trouva la parade. Je te laisse deviner ? Il la transforma en statue !
C’est pour cela que tu ne la vois pas souvent être sourire car elle fut prisonnière d’un sorcier et je n’ose pas te dire toute la vérité. Tu sais à quel point les sorciers de Stygie sont des êtres méprisables… Ce sorcier se servait d’elle afin de se rendre plus fort, plus puissant, en puisant en elle sa magie.

Bien sûr, Ce rat l’exposa dans sa maison, l’exhibant à tous !

Arantias secoua alors son pichet et il fut rapidement remplacer par un autre, celui-ci débordant de mousse.
Il s’humecta les lèvres avec un peu de ce breuvage avant de reprendre :

-Un autre sorcier tenta de voler la statue, et lors de leurs bataille, la statue se brisa et la libera de sa prison de pierre. Alors dans sa grande colère, elle tua… enflamma… calcina les deux sorciers de son regard, et déchira leurs âmes de sa voix !
L’homme se rassit alors, l’excitation retombée par la crainte que son éclat de ferveur eut effleurée les oreilles de la femme dans la taverne. Il reprit plus silencieusement, comme si ses paroles étaient d’or.

-Oui, jeune Karr, tu te dis que je suis un vieux fou, probablement le serais tu aussi si tu avais aperçu la petite parcelle de ce que je sais. Non ! Cette femme que tu vois, si douce et belle parait elle, est aussi terrible et attirante que la mort lorsque son courroux fait rage.

Son nom? Bien sur qu’elle a un nom! Aussi beau et sombre que la nuit. C’est Naïa. »

La jeune fille se releva du sol de marbre, elle observa alors la grande sculpture qui lui faisait face :

Un grand serpent torsadé de marbre et incrusté d’or. Les flambeaux brulants, éclairait la grande salle, faite des plus belles draperies et des plus beaux ornements. Elle regarda furtivement la seule porte menant à cette pièce, seule sortie pour elle…

Elle prit un voile et le déchira afin de s’en faire un habit de fortune. L’odeur de sang trainait encore dans cette pièce, une odeur de métal et de feu. Elle alla vers la porte, après avoir vérifié cette dernière et après avoir été certaine que personne ne se trouvait de l’autre coté, elle l'ouvrit et sorti de la pièce aussi furtivement que possible…



« Cela ne se peut ! Que racontes-tu ?! Partie dis tu ???!
-Oui maitre, quand j’y suis allée elle n’y était plus !
-Je te préviens Nasshar, si tu es impliqué la dedans, ton corps sera démembré, un par un, je t’enlèverai moi-même chaque parti de ton corps et me délecterai de tes cris, Set lui avalera ce qui te sert d’âme, quoi que je doute qu’il la veuille…
Amènes moi, maintenant ! Hurla le Grand prêtre en giflant le serviteur Nasshar.



Si sortir du temple fut assez simple, la traversée de la ville fut plus fastidieuse pour la jeune femme, pratiquement nue comme un vers, les badauds ne manquait pas de la regarder étrangement, que pouvait bien faire une femme de son rang si tardivement et si peu vêtue. Heureusement pour elle, elle trouva bien vite un chemin à l’abri de tous ces regards de crainte et de méfiance. Elle déboucha enfin dans un secteur plus calme de la ville.
Etonnée que l’alarme ne fût pas encore donnée, et que les recherches ne soient pas encore lancées. Elle chercha un endroit où elle pourrait se dissimuler.
Elle vit alors une bâtisse ou la lumière brillait vivement, probablement une taverne ou encore une auberge. Elle se décida d’y entrer, les gardes seront probablement à sa recherche cette nuit, demain lorsque les marchands viendront elle pourra plus facilement sortir et se faufiler dans la masse. Elle devait avant trouver des vêtements qui lui porteraient moins préjudice…

… Le soleil brillait, la jeune fille métamorphosée en jeune fille de la noblesse avait pris place dans une caravane menant à la grande ville de Khemi… La caravane n’y arriva jamais… On ne la retrouvera que plus tard, complètement détruite, les nombreux corps nourrissaient les charognards…



«- Ne t’inquiètes pas, je suis là pour t’aider. Mon maitre dort, je vais te libérer, je ne sais pas ce qu’il lui prend de croire que c’est toi…

-Merci, Nasshar… »

Nasshar emmena la jeune femme hors de la tente. La lune brillait haute dans le ciel, les montagnes de feu se dessinaient au loin, la où ils devaient l’emmener… L’ancien Temple…

Un rire retentis dans la nuit, une sombre silhouette s’avança, les yeux flamboyants dans la noirceur de son ombre…

« -Je savais que tu ferais ca, j’aurais du te tuer dès le premier jour où elle est partie ! Mais je te laisse une chance, livre la moi et je serais clément… Nasshar, n’as-tu pas encore compris ce qu’elle est ? Elle doit revenir au temple ! »
La jeune femme, pétrifiée, regarda la réaction de Nasshar. Ses yeux faisaient des allers et retours entre son maitre et la jeune femme qui lui avait éclairé le cœur.

«- Nasshar… » Rabroua l’homme de l’ombre.

Nasshar baissa directement les épaules à l’entente de son nom… il empoignant le bras de la jeune femme et commença à avancer vers son maitre… Satisfait, le grand prêtre se retourna et avança vers sa tente. Il savait qu’il était tout puissant face à Nasshar, lui qui l’avait recueilli et l’avait prédisposé à le servir et à l’adorer. Un bruit métallique résonna, suivit d’un craquement sourd. Le prêtre tomba à genou, visage décomposé par l’étonnement.

«- Ahhh. Comment a-t-elle pu f….» Il s’effondra sur sa tente.

Nasshar le souffle court, regarda l’homme qu’il venait d’assassiner, puis fixa son regard sur le sang qui goutait de son khopesh.

Il s’avança, d’un mètre, puis de deux, pour arriver enfin aux pieds de son ancien maitre, de son ancien père… Il leva son arme, prêt à frapper, lorsque qu’un déchirement d’air propulsa son arme au loin. Stupéfait, il tourna la tête et vit son arme voltiger dans la poussière… Il ne la tourna qu’une seconde, seconde suffisante pour avoir le visage ravagé et haineux du grand prêtre coller au sien. Son haleine de souffre lui donna un haut-le-cœur. Les yeux révulsés, l’homme psalmodia une prière, voix a peine audible, et pourtant la main qui enserrait le cou de Nasshar était de fer. Une brume noire sortie alors de la bouche et des yeux du prêtre, enveloppant le corps de sa victime.

La jeune femme se saisissant du Khopesh courrait vers les deux hommes, et plongea la lame recourbée dans le torse du prêtre, elle tourna plusieurs fois la lame dans ses entrailles pour qu’enfin il lâche prise. Nasshar se releva alors, se massa la gorge et la nuque… Puis il se figea… Il entendit encore le prêtre balbutier des mots.

La jeune femme se pencha et posa la lame effilée sur le cou du vieillard…
«- fuis Naïa, fuis le… Naïa… »

Naïa choquée leva son visage vers Nasshar, elle comprit enfin ce qu’était cette prière lorsqu’elle vit ses yeux… Ils flamboyaient.